L’accueil d’autrui est une des belles formes de l’amour chrétien. Le missionnaire lui-même a besoin d’être accueilli. A Saint-Esprit de Mvolyé, la plupart des fidèles ont aussi besoin d’être accueillis dans l’amour. Ils viennent des quatre coins de la ville pour y trouver un lieu d’accueil et d’écoute. C’est bien évidemment et surtout la vocation première de cette entité de l’Eglise qui est à Yaoundé. Alors tous doivent devenir des hommes et des femmes mus par l’accueil d’autrui.
Dans le paysage pastoral spiritain au Cameroun, ce cas Saint-Esprit fait école dans la pastorale de l’accueil. Lorsque les fidèles (nouveaux venus) sont véritablement accueillis, ils découvrent dans le regard de l’autre un respect infini de leur personne. Ils savent de certitude qu’ils appartiennent à la même Eglise. Ils ne sont pas regardés en fonction de leur origine mais, simplement pour ce qu’ils sont. La Paroisse Francophone Saint-Esprit est ce havre de paix là, dominant la colline et excellant en hospitalité du cœur. Savoir accueillir l’itinérant, c’est lui accorder sa dignité et le respect dus à tout humain mais plus encore à l’étranger.
Pour ne pas en rester à un accueil purement humaniste, il importe de saisir dans la lumière de l’Esprit-Saint (patron de cette Paroisse), quand pouvoir vivre l’accueil inconditionnel et l’accueil-vérité dans l’amour. Ce n’est pas toujours possible tout le temps, compte tenu de toutes les pesanteurs humaines. Cela demande aussi beaucoup de discernement. Heureusement que l’Esprit est là pour éclairer, guider pas à pas, purifier aider à ne jamais se dissocier de Lui dans l’accueil des autres. La personne qui accueille comme ça, demeure dans l’amour, elle sait maintenir un regard qui n’exclut ni ne condamne personne, mais qui, tout en remettant de l’ordre donne courage, espoir, est prêt à aider. Il s’agira pour les chrétiens de Mvolyé de ne pas tomber dans la fausse compassion, s’enfermer dans une forme d’aide stérile, tout comme on peut aussi glisser dans une idolâtrie insidieuse de la vérité, rejeter, exclure intérieurement celui ou celle qui n’est pas d’accord avec la vérité qu’on lui transmet.
Si l’on pense qu’à Mvolyé la vocation de la Paroisse Saint-Esprit et partant de tous les chrétiens est l’accueil et que l’on cherche à le préciser, il sera certainement indispensable de se tenir en silence dans l’Esprit, de prendre le temps, d’approfondir ce qu’est un véritable accueil de l’autre, cette forme d’hospitalité du cœur. On pourra imiter dans la méditation quotidienne la façon dont le Christ accueillait ceux qui se trouvaient sur sa route, de noter ses enseignements sur l’accueil, sur les passages de l’Ancien Testament relatifs à l’accueil. Tout accueil vrai, doit être fondé dans le silence de notre relation à Dieu.
Si l’on se laisse former, éduquer par l’Esprit-Saint, et c’est là la clé de tout à accueil, on va approfondir jour après jour le sens d’un véritable accueil de l’autre, qu’on le manifeste par des paroles, des gestes, le silence d’un cœur chaleureux, le regard, l’écoute, le temps accordé, la disponibilité et la joie exubérante.
Imaginez-vous être l’organisateur d’un grand festin très huppé, avec les invités de marque. Pendant que vous vous apprêtez à ouvrir l’impressionnant buffet, un silence s’empare du hall. Au fond de la salle, à travers une porte ouverte, un homme en loques, complètement en haillons, certainement en mauvais état, entre. Vous arrêtez votre « speech », et d’un pas alerte, faisant signe au service du protocole de se calmer, vous allez saluer le nouveau venu. Vous le prenez dans vos bras comme si c’était la personnalité que vous attendiez. Et vous faites ce commentaire pour rassurer tous vos convives : « Voyez-vous ! C’est un nouveau, c’est la première fois qu’il vient chez moi » C’est comme cela que votre accueil doit être. Rendre à l’autre sa dignité de fils de Dieu, en lui donnant une communauté de compagnons, le sentiment d’être homme parmi les hommes. Il n’y a que la tendresse et l’amour manifestés de notre accueil, qui peuvent transformer les autres, même les plus sceptiques. Cela demande de notre part, beaucoup d’audace et une bonne dose de courage face aux résistances de notre entourage.
A Mvolyé, n’ayez pas peur de surplomber la ville de Yaoundé en toute chose bonne. Accueillir l’autre, sans distinction aucune, fait de vous des porteurs de cet amour de la parole vraie et du geste qui sauve. Cette extraordinaire compassion que la tâche extérieure du chrétien en a illuminée en portant tant de fruits qui demeurent. Alors, vous serez les porteurs de l’accueil de Dieu sur cette colline, manifestant ainsi l’un des piliers de votre vocation : l’accueil des hommes et des femmes de passage. Cela doit demeurer à jamais. Dans cette perspective, le lien avec le Cénacle est tout trouvé.
- Henri FOUDA, CSSp.